jeudi 27 janvier 2011

Interview du directeur général de Google France

Comme je n'ai pas beaucoup de temps à moi en ce moment, mais que je pense quand même à vous, je vous poste l'intégralité d'une interview de Jean Marc Tassetto l'actuel directeur général de Google France (ancien directeur général de SFR).

Au programme, tout y passe ! Les services Google Books, Google News, Google TV (voir notre article : Google TV en détails !) sont aux rendez vous, mais également les questions un peu plus délicates au sujet de Google Street View ou même de la « taxe Google » par exemple.

Sans plus attendre, voici l'intégralité de l'interview :

« Passer de SFR à Google, est-ce un choc culturel?
En cent jours à la tête de Google France, j’ai mesuré combien Google mise sur la France, combien c’est un parte­naire important des PME, combien il est centré sur l’utilisateur et l’innovation et, enfin, combien le décalage est grand entre son image hégémonique et sa culture d’ouverture. Eric Schmidt a annoncé l’installation en France d’un centre de recherche et développement et d’un centre culturel européen. Aujourd’hui, Google France compte 250 personnes mais doublera ce chiffre d’ici à deux ou trois ans. 

Quelle est votre mission?
Ma première mission est, bien entendu, le développement commercial, notamment sur le mobile et le display. Mais je dois aussi mieux communiquer. Google est une entreprise adolescente de 13 ans qui doit expliquer ce qu’elle fait. Ma mission est de faire de Google France une entreprise française et d’apaiser et clarifier les relations avec les ayants droit, les éditeurs et les pouvoirs publics. Pour cela, Google est devenu membre de plusieurs associations professionnelles, aide les start-up françaises et a signé des accords avec des ayants droit et des éditeurs. Enfin, je discute avec le Syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN) et le GIE pour le kiosque numérique.

Dans l’édition, votre accord avec Hachette Livre a fait sensation.
Nous avons conclu des accords avec 40 bibliothèques dans le monde, dont celle de Lyon, et avec des éditeurs, dont Hachette Livre, pour numériser et redonner vie à des ­livres libres de droits. Avec Hachette, Google numérise, donne le fichier à l’éditeur, le laisse libre de l’exploiter et de fixer son prix! C’est l’inverse des conditions imposées par Apple. Notre modèle est clair, il n’y a pas d’entourloupe.

Les chaînes de télévision s’inquiètent de la Google TV
C’est un sujet sur lequel la France peut jouer un rôle, car notre pays est en pointe sur l’IP TV. Nous devons expliquer aux diffuseurs que Google TV ne va pas cannibaliser le marché publicitaire mais au contraire le développer en attirant de nouveaux petits annonceurs. Je rencontre les patrons de chaînes pour leur expliquer l’opportunité de développement dans la catch-up TV et la vidéo à la demande qu’ils peuvent saisir grâce à nos outils. Autant de nouvelles recettes pour eux. Nous avons le temps avant le lancement, prévu en 2012.

Seriez-vous prêt à financer la création via la «taxe Google» ?
Il ne faut pas passer sous silence les investissements consentis pour mettre à la disposition des créateurs une plate-forme de diffusion et de promotion gratuite comme YouTube. Nous avons signé avec l’ensemble des ayants droit et proposons Content ID, pour identifier des contenus protégés sur la plateforme. On peut probablement aller plus loin. Le seul mouvement que nous ne faisons pas aujourd’hui est d’aller vers la production de contenus. Par ailleurs, l’impact de Google sur la fiscalité française n’est pas neutre. Les PME qui achètent chez Adwords sont collectrices de TVA en France. Il y a néanmoins un sujet plus global, qui est celui de l’harmonisation européenne de la fiscalité et qui nous dépasse. Mais Google a, au moment de son expansion internationale, cherché à optimiser sa situation fiscale, humaine et opérationnelle. Le choix s’est porté sur Dublin, où nous avons aujourd’hui 1800 personnes.

Après la France, l’Italie, Bruxelles enquête sur la position dominante de Google. Quelles concessions pourriez-vous faire?
Nous répondrons à toutes les questions de Bruxelles, chiffres à l’appui. En France, l’Autorité de la concurrence a constaté notre position dominante sans aller plus loin. Elle estime que notre position est le fruit d’efforts permanents et non pas du marché. J’ai la conviction qu’il n’y a aucun abus.

Votre position inquiète également les éditeurs de presse…
Google travaille avec eux. Mon premier rendez-vous de 2011 a été avec le GIE E-Presse pour proposer NewsPass, une plate-forme de numérisation, diffusion et paiement des contenus. C’est une alternative à Apple qui prélève 30% sur chaque vente. Google fait simplement payer le coût de la plate-forme, qui est de 10%. Un pilote sera lancé au premier trimestre avec le GIE.

Les nouvelles règles d’achat de mots-clés sont contestées. Faut-il faire marche arrière?
Bruxelles a confirmé nos options dans ce domaine. J’ai entendu et me suis expliqué avec les syndicats professionnels du secteur. Leurs propos sont légitimes. Cette poli­tique d’achats de mots-clés est en place depuis des années aux États-Unis et au Royaume-Uni. L’expérience démontre que cela ne sert à rien d’acheter sa propre marque en mot-clé, car vos concurrents ne vont pas l’acheter à votre place. SFR n’ira jamais acheter le mot-clé Orange pour obtenir des clients. Seuls les sites marchands ont intérêt à acheter plusieurs marques.

Comment analysez-vous la réorganisation de Google ? (voir notre article)
Google se trouve aujourd’hui face à une croissance multiproduit et internationale importante. Ce sera désormais le rôle d’Eric Schmidt en tant que président exécutif. Larry Page, le nouveau PDG, garantira une culture plus start-up, en tant que cofondateur. Enfin, Sergueï Brin, autre cofondateur, reste concentré sur la stratégie entrepreneuriale. Chacun sera dans son pôle d’excellence. » 

Propos recueillis par Renault, Enguérand, Beuth, Marie-Catherine, et rapportés par Lefigaro.fr
Lien direct : http://marches.lefigaro.fr/news/societes.html?&ID_NEWS=175638075





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